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Qu’en est-il de l’allocation touristique à 750 euros ?

L’allocation touristique à 750 euros, pourtant annoncée en grande pompe par les autorités algériennes, peine à voir le jour sur le terrain. Entre promesse présidentielle, logistique prête et attente réglementaire, cette mesure soulève autant d’espoirs que de frustrations.

Depuis l’annonce officielle faite en décembre 2024, les regards sont tournés vers la concrétisation d’une mesure qui pourrait, sur le papier, soulager de nombreux voyageurs algériens. L’allocation touristique à 750 euros est censée simplifier l’accès aux devises étrangères dans un contexte où le marché parallèle reste souvent la seule option.

Ce dispositif devait constituer une réponse directe à un problème structurel : l’indisponibilité chronique de devises dans les banques. Aujourd’hui encore, la majorité des citoyens sont contraints de se tourner vers des circuits informels pour se procurer des euros. Le taux de change au marché parallèle, qui a récemment atteint la barre symbolique des 260 dinars pour un euro, reflète cette pression constante sur la demande.

L’allocation touristique dans l’attente d’un feu vert administratif

Au cœur du blocage : un simple document administratif. Malgré l’annonce présidentielle et les préparatifs techniques finalisés par les banques publiques, l’allocation touristique à 750 euros reste suspendue à la publication d’une instruction officielle de la Banque d’Algérie. Ce texte réglementaire, bien que de nature administrative, est indispensable pour déclencher la distribution effective des devises aux citoyens.

Les déclarations récentes du président de la Commission des finances de l’Assemblée populaire nationale (APN), Oussama Arbaoui, confirment que toutes les conditions logistiques sont réunies. Les institutions financières comme la Banque nationale d’Algérie (BNA), la Banque extérieure d’Algérie (BEA), le Crédit populaire d’Algérie (CPA) ou encore la BADR ont préparé le terrain : plateformes informatiques adaptées, procédures opérationnelles définies, personnel formé.

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Modernisation bancaire et allocation touristique : deux volets d’un même projet

La mise en œuvre de l’allocation s’inscrit dans une dynamique plus globale de réforme du système bancaire algérien. À travers une feuille de route articulée en dix points, les pouvoirs publics ambitionnent de rapprocher les citoyens des services bancaires. L’objectif ? Fluidifier les démarches, favoriser l’investissement, et surtout, réduire la dépendance au cash qui alimente les circuits informels.

Parmi les mesures annoncées : la digitalisation des services, le développement de la finance islamique, l’extension des réseaux dans les régions enclavées, ou encore la mise en place d’une offre bancaire pour les investisseurs. Ces transformations visent à créer un environnement plus transparent et structuré, dans lequel des dispositifs comme l’allocation touristique peuvent s’insérer durablement.

Entre attentes citoyennes et réalités réglementaires

Pour les citoyens, cette allocation représente bien plus qu’un montant fixe en devises. C’est une reconnaissance de leur droit à voyager dans des conditions dignes, sans devoir négocier sur le trottoir les euros nécessaires à un déplacement familial, médical ou professionnel. Le fait que la promesse tarde à se concrétiser alimente une forme d’incompréhension, d’autant plus que le dispositif est, sur le plan logistique, fin prêt.

Les mesures d’accompagnement sont en place : guichets dédiés dans les ports et aéroports d’Alger, Oran, Mostaganem, Tlemcen, et présence renforcée aux frontières terrestres. Cette infrastructure vise à rendre le versement de l’allocation fluide et encadré, tout en limitant les abus et les dérives.

Des enjeux monétaires qui dépassent le simple voyage

Au-delà de l’aspect pratique, l’allocation touristique touche aussi à une question de souveraineté monétaire. Le fait qu’une partie significative de la population doive encore se tourner vers le marché parallèle pour obtenir des devises révèle les failles persistantes du système officiel. Cela entretient un cercle vicieux dans lequel la spéculation, la fuite de capitaux et la perte de confiance dans le dinar sont omniprésents.

Le retard dans l’application de la mesure pourrait également affaiblir l’effet escompté sur le taux de change parallèle, qui continue d’atteindre des sommets. La stabilité de la monnaie nationale est ainsi directement liée à la capacité des institutions à répondre rapidement aux besoins des citoyens dans un cadre légal.

À quand la sortie du flou ?

L’absence d’un calendrier précis pour la publication de l’instruction de la Banque d’Algérie laisse place à toutes les interprétations. La date évoquée fin mars, qui prévoyait un déblocage « 15 jours après l’Aïd El-Fitr », n’a finalement pas été respectée, renforçant le sentiment d’incertitude.

Dans ce contexte, la communication institutionnelle devient aussi importante que les mesures elles-mêmes. Les citoyens attendent des réponses claires, pas de nouvelles promesses. En attendant, les 750 euros restent là, en suspens, prêts à être distribués, dans un pays où chaque euro peut faire la différence.

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