Golden visa Schengen : clap de fin en Espagne
Le dispositif qui permettait aux investisseurs étrangers d’obtenir un droit de séjour dans l’espace Schengen contre un investissement immobilier vient de tirer sa révérence en Espagne. Le Golden visa Schengen, en vigueur depuis 2013, n’est plus accessible depuis le 3 avril 2025. Voici pourquoi.
Depuis plusieurs années, de nombreux ressortissants non européens ont vu dans le Golden visa espagnol une opportunité d’entrer dans l’espace Schengen via la porte de l’investissement. En injectant au moins 500 000 euros dans l’immobilier local, ils obtenaient un permis de séjour sans obligation de résidence permanente. Un modèle qui, bien que lucratif pour l’économie, est désormais pointé du doigt pour ses effets pervers, notamment sur le marché du logement.
À l’approche de l’échéance, les demandes de visa ont explosé. Des investisseurs du monde entier, comme les États-Unis, Chine, Royaume-Uni, Russie ou encore Moyen-Orient, se sont rués sur les dernières opportunités. Beaucoup y voyaient une manière d’accéder à une résidence européenne, mais aussi une occasion d’investissement lucratif dans un pays attractif.
Golden visa Schengen : un programme aux retombées contrastées
Conçu initialement pour relancer l’économie espagnole après la crise financière, le programme de visa doré a connu un engouement progressif, notamment après la pandémie. Entre 2014 et 2023, près de 250 000 permis de séjour ont été délivrés à des étrangers, dont environ 15 000 en contrepartie d’un investissement immobilier supérieur à 500 000 euros.
Ces investisseurs ont non seulement pu acquérir des résidences secondaires ou de prestige dans des zones prisées comme Malaga, Barcelone ou Madrid, mais aussi en tirer des bénéfices en les mettant en location. Le visa leur offrait une libre circulation dans les 29 pays de l’espace Schengen, un avantage non négligeable dans un monde post-Covid à la recherche de stabilité.
Mais l’essor de ces acquisitions a coïncidé avec une flambée des prix de l’immobilier. Selon les derniers chiffres, les loyers et les prix de vente ont bondi de 11 % en un an dans certaines grandes villes. À cela s’ajoutent les tensions sur le logement, les pénuries de biens accessibles et la multiplication des manifestations contre la location courte durée. Un cocktail qui a accéléré la décision du gouvernement espagnol.
Immobilier, droit au logement et tournant politique
Pedro Sánchez, le chef du gouvernement, a tranché. À travers cette décision, il entend défendre ce qu’il considère comme un droit constitutionnel au logement, face à une spéculation devenue incontrôlable. Il ne s’agit pas seulement d’enrayer la hausse des prix, mais aussi de reprioriser l’usage résidentiel des logements dans un contexte de crise du logement.
Le gouvernement envisage même, selon certaines sources, une taxation à 100 % sur l’achat immobilier réalisé par des étrangers non-résidents. Cette mesure viendrait s’ajouter à l’arrêt du Golden visa Schengen, pour freiner les effets d’un marché rendu inabordable pour les classes moyennes et populaires espagnoles.
Les villes touristiques, qui accueillaient jusqu’ici un nombre croissant d’acheteurs étrangers, sont les premières à être touchées par cette transition. Pour les Espagnols, c’est une tentative de rééquilibrer l’accès au logement dans un environnement devenu trop spéculatif.
La fin d’un accès facilité à l’espace Schengen par l’immobilier
Avec l’arrêt du Golden visa Schengen, c’est toute une stratégie d’immigration par investissement qui s’effondre. Si d’autres pays de l’Union européenne conservent encore ce type de programmes, l’Espagne envoie un signal fort, montrant que l’accueil d’investisseurs fortunés ne peut se faire au détriment de la cohésion sociale et de l’accès à la propriété pour les nationaux.
Pour ceux qui espéraient encore bénéficier du dispositif, le timing est désormais dépassé. Certaines candidatures de dernière minute ont été acceptées de justesse, notamment celles déposées quelques jours avant la fermeture du guichet. Mais pour les autres, l’opportunité s’est définitivement envolée.
À l’avenir, le débat autour des visas pour investisseurs devrait s’intensifier au sein de l’Union européenne, à mesure que la question du logement devient centrale dans les politiques publiques nationales.