Economie

Fin de l’argent liquide en France. Info ou intox ?

La fin de l’argent liquide en France alimente rumeurs et spéculations, notamment sur les réseaux sociaux. Entre annonces virales, désinformation et réalité institutionnelle, que faut-il vraiment croire ? Retour sur les faits concrets et les projets en cours pour éclaircir cette zone grise.

Des vidéos alarmistes circulent depuis plusieurs semaines sur TikTok, affirmant que l’argent liquide serait interdit en France dès avril. Ces contenus viraux, souvent diffusés par des comptes sans réelle identité ni fiabilité, relancent un vieux débat  : sommes-nous réellement à l’aube de la disparition totale des espèces ? Une analyse des sources officielles et des données économiques récentes permet de démêler le vrai du faux.

La question touche un point sensible. Le cash, pour beaucoup, reste un symbole de liberté financière et d’autonomie. Alors forcément, l’idée d’une suppression totale inquiète, surtout dans un contexte où les solutions numériques se multiplient et s’imposent parfois par défaut.

Ce que disent les autorités sur la fin de l’argent liquide

Contrairement aux affirmations relayées sur certaines plateformes, aucune loi n’a été adoptée pour interdire l’argent liquide en France. Ni en avril 2025, ni à une autre échéance. Les vidéos en question s’appuient de façon erronée sur le projet d’euro numérique mené par la Banque centrale européenne (BCE). Pourtant, ce projet ne vise pas à supprimer les billets et pièces, mais à proposer une alternative complémentaire aux moyens de paiement existants.

D’après les documents officiels de la BCE, l’euro numérique serait une monnaie digitale publique, destinée à coexister avec les espèces. L’objectif est de suivre l’évolution des usages, sans pour autant priver les citoyens d’un accès au cash. Les autorités insistent sur le fait que les paiements en espèces restent un droit, même si leur usage recule.

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Les espèces en recul mais toujours présentes

Selon les dernières données de la BCE, l’usage de l’argent liquide diminue progressivement. En 2018, environ 28 % des transactions en France étaient réalisées en espèces. En 2023, cette part est tombée à 12 %, et les projections estiment qu’en 2028, cela pourrait tomber à 10 %. Cette tendance s’explique par la généralisation des paiements sans contact, l’essor des portefeuilles numériques et la dématérialisation croissante des services bancaires.

Cependant, le cash reste encore largement utilisé dans certaines régions et pour des transactions du quotidien, notamment dans les petites communes ou chez les populations non bancarisées. D’ailleurs, le Sénat français a récemment rejeté une proposition de loi visant à réduire les plafonds de paiement en espèces, précisément pour protéger les citoyens qui n’ont pas accès aux solutions numériques.

Le numérique progresse mais ne remplace pas encore le liquide

La phase préparatoire de l’euro numérique a démarré en 2023. Elle vise à mettre en place un cadre réglementaire et technique permettant, à terme, de proposer ce nouveau moyen de paiement au grand public. Mais rien n’indique, à ce stade, que ce dispositif rendra obsolète l’argent liquide.

D’ailleurs, la BCE insiste sur plusieurs points  : l’euro numérique ne sera pas périssable, il ne comportera pas de restrictions d’usage, et il ne remplacera pas les espèces. Le discours alarmiste sur un possible « contrôle total » des transactions numériques ne repose sur aucune mesure officielle actuelle.

Quant aux distributeurs automatiques de billets, leur nombre diminue effectivement, mais des automates multiservices sont en cours de déploiement. Ils permettront de retirer des espèces, de déposer de l’argent ou des chèques, tout en offrant des services interbancaires. Une réponse à la fois à la digitalisation et à la désertification bancaire dans certaines zones.

Entre transition numérique et maintien du cash

La fin de l’argent liquide ne semble plus relever d’une évolution progressive des usages que d’un bannissement imposé. Les institutions bancaires et monétaires accompagnent ce changement, mais les espèces conservent un rôle essentiel, notamment pour garantir l’inclusion financière.

Ce débat, alimenté par la défiance envers les systèmes numériques ou la peur d’un contrôle renforcé des transactions, reflète aussi une tension plus large : celle entre technologie et liberté individuelle. Si le cash devient moins central dans les paiements, il reste un marqueur de souveraineté économique auquel beaucoup ne sont pas prêts à renoncer.

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