Economie

Hausse de l’euro face au dinar algérien ce 14 avril 2025

La hausse de l’euro se confirme ce 14 avril 2025 sur le marché parallèle en Algérie. Portée par une demande accrue et un manque d’offre, la devise européenne enregistre son plus haut niveau depuis le début de l’année 2025.

Depuis plusieurs jours, les cambistes du Square Port-Said à Alger observent une évolution marquante sur le marché informel des devises. L’euro, qui stagnait récemment autour de 251 dinars algériens, a enclenché une montée rapide, franchissant à nouveau la barre symbolique des 257 DA à la vente. Ce rebond, intervenu en quelques jours seulement, fait écho à une tendance déjà observée à la fin de l’année 2024, où la devise européenne avait atteint la barre de 260 dinars algériens avant de redescendre.

Cette dynamique n’est pas isolée. D’autres devises, comme le dollar américain, suivent également une trajectoire ascendante. En toile de fond,  un déséquilibre structurel entre l’offre limitée en devises étrangères et une demande toujours forte, alimentée notamment par les incertitudes entourant la réforme du change et les restrictions sur l’allocation touristique.

Hausse de l’euro  : tensions persistantes sur le marché parallèle

Ce lundi 14 avril, les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’euro s’achète à 254 dinars algériens et se revend à 257 DA, marquant une progression nette par rapport à samedi dernier. Cette hausse de 2 à 3 dinars en l’espace de 48 heures témoigne de la nervosité du marché. Dans le même temps, le dollar américain grimpe à 241 DA à la vente, contre 237 DA à l’achat, enregistrant une hausse similaire.

La livre sterling affiche par contre une stabilité au niveau du marché informel. Elle continue de s’échanger à 301 DA à l’achat et 306 à la vente. D’autres devises comme le franc suisse s’échange à 275 DA à l’achat et à 277 DA à la vente, le dirham des Émirats s’échange à 64 DA à l’achat et à 66 DA à la vente, ou encore le dinar tunisien qui est proposé à 75 DA à l’achat et à 75,5 DA à la vente, confirment pour l’heure cette tendance stable.

Cependant, les dernières évolutions de la monnaie européenne montrent que la pression se maintient. L’euro est la monnaie la plus demandée, utilisée en particulier pour les voyages, les études ou les importations informelles.

Écart avec le taux officiel  : une dualité qui s’installe

En parallèle, le taux de change officiel fixé par la Banque d’Algérie reste largement déconnecté des réalités du terrain. L’euro y est coté à 150,422 DZD, soit plus de 100 dinars de différence avec le taux du marché parallèle. Le dollar américain, quant à lui, s’affiche à 132,384 DZD dans les cotations officielles.

Ce décalage illustre la persistance d’un système à deux vitesses. Tandis que les canaux légaux restent bridés par des plafonds bas et des conditions strictes, le marché informel continue de s’imposer comme la seule véritable alternative pour la majorité des citoyens. Malgré la création de quelques points de change officiels dans les aéroports, le dispositif reste limité et difficilement accessible au grand public.

Réformes en attente et allocation touristique incertaine

L’un des catalyseurs de cette hausse récente réside dans l’annonce encore floue de la mise en place d’une allocation touristique de 750 euros, initialement prévue pour le 15 avril 2025. Si le ministère des Finances a bien communiqué sur cette mesure, la Banque d’Algérie n’a pas encore précisé les modalités de sa mise en œuvre. Ce flou réglementaire entretient la spéculation.

En attendant des clarifications, les ménages, les étudiants et les voyageurs anticipent d’éventuelles difficultés d’accès aux devises officielles. Ce réflexe d’anticipation se traduit par une ruée vers le marché parallèle, entraînant automatiquement une hausse de la demande, et donc des prix. Pour beaucoup, c’est la seule manière de se prémunir contre l’incertitude.

Vers une tendance durable ou une poussée ponctuelle  ?

À ce stade, difficile de prédire si cette hausse de l’euro s’inscrira dans la durée. Certains observateurs évoquent une poussée liée à la date symbolique du 15 avril, avec une éventuelle accalmie à venir si la Banque d’Algérie communique rapidement. D’autres estiment que, sans réforme structurelle du système de change, la pression sur l’euro et les autres devises pourrait perdurer.

Le contexte reste fragile. L’économie algérienne est encore dépendante des hydrocarbures, les réserves en devises sont sous tension, et le marché parallèle reste le baromètre officieux, mais influent, de la santé monétaire du pays. Sans changement concret, cette situation pourrait devenir la norme.

En attendant, ce lundi, au Square Port-Saïd, les cambistes ont à peine eu le temps d’annoncer les nouveaux taux qu’ils étaient déjà en train de réajuster leurs pancartes. La demande ne faiblit pas, et les regards sont désormais tournés vers le lendemain, dans l’attente d’un signal, ou d’un revirement.

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