La France a fortement réduit le nombre de visas Schengen accordés aux Algériens
Le nombre de visas Schengen accordés aux Algériens a nettement diminué depuis le début de l’année 2025, enregistrant une baisse de 28 % par rapport l’année précédente, cette mesure intervient dans un contexte de tensions diplomatiques accrues entre Paris et Alger, notamment autour de la question des expulsions de migrants.
En effet, depuis le début de l’année 20025, la France a considérablement réduit le nombre de visas Schengen délivrés aux ressortissants Algériens. Cette baisse significative de 28 % par rapport à la même période en 2024, reflète à la fois le durcissement européen des politiques migratoires et une tension diplomatique croissante entre Paris et Alger. Bien que aucun motif officiel n’a été donné à cette restriction, les autorités françaises pourraient utiliser cette mesure comme un instrument de pression sur l’Algérie.
Les causes profondes de cette réduction sont multiples et tiennent aux difficultés diplomatiques persistantes. L’un des principaux points de friction entre les deux pays concerne les expulsions des Algériens en situation irrégulière en France. Le gouvernement français sous la direction de Bruno Retailleau exige des autorités algérienne une coopération accrue pour le retour des ressortissants algériens en situation irrégulière en France, et le refus de l’Algérie de délivré des laissez-passer consulaires pour de nombreux expulsés, a augmenté la tension entre Paris et Alger et la France semble utilisé la réduction des visas accordés aux algérien comme levier de pression.
Le visa Schengen : un instrument stratégique
Le visa Schengen n’est pas qu’un simple document de voyage, il est un instrument stratégique des modalités d’un contrôle des flux migratoires entre l’Europe et ses pays voisins. L’espace Schengen est une gestion collective des demandes, mais également l’occasion de conditionner la délivrance des visas à la coopération de certains Etats. La politique migratoire de la France ces dernières années, se veut toujours plus restrictive, en essayant de limiter les entrées, tout en accentuant la pression sur les gouvernements des états concernés.
Les chiffres sont parlants. En 2024, la France a délivré 250 000 visas Schengen pour les ressortissants algériens, soit une nette augmentation par rapport aux 210 000 de 2023. Cependant, cette hausse reste bien inférieure au chiffre record de 2017, où 413 000 visas avaient été accordés aux Algériens. Cette diminution récente fait écho à la politique migratoire plus stricte de la France, qui semble vouloir marquer son territoire en restreignant l’accès à son sol.
Ainsi en janvier 2025, la France a appliqué un durcissement en particulier sur les demandeurs algériens. Selon les chiffres officiels, les visas Schengen accordés aux Algériens ont chuté de manière vertigineuse. Paris, qui a intensifié ses efforts pour renvoyer les migrants illégaux, a vu sa demande de coopération de la part d’Alger rester sans réponse satisfaisante. L’Algérie, qui délivre un nombre limité de laissez-passer consulaires, se retrouve dans une position de blocage, et Paris semble choisir d’intensifier la pression avec des mesures concrètes. Il est à noter que l’Algérie avait délivré 3.000 laissez-passer consulaires en 2024.
Les primo-demandeurs particulièrement touchés
Les primo-demandeurs algériens, en particulier ceux venant pour un visa touristique, sont les plus touchés par cette politique. En effet, ces derniers ont beaucoup plus de difficultés à obtenir une autorisation de séjour en France, un phénomène qui touche particulièrement les jeunes adultes et les personnes souhaitant se rendre en France pour des raisons familiales ou touristiques.
Il convient de souligner que la France est la destination privilégiée pour les Algériens, représentant près de 70 % des demandes de visa en 2024. Cependant, ce chiffre risque de diminuer à mesure que les restrictions se multiplient. Ce recul intervient dans un contexte global de gestion stricte des flux migratoires européens, avec une augmentation des refus et une diminution de la facilité d’obtention des visas pour des ressortissants des pays du Maghreb, dont l’Algérie.
Une question politique : les déclarations de Bruno Retailleau
La question des visas Schengen qui concernent directement les Algériens, n’est pas un problème de flux migratoires uniquement. Elle est aussi un levier politique. Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a fait de la coopération algérienne en matière de gestion des expulsions un point central de ses négociations avec Alger. La France a exprimé son mécontentement face au manque de réciprocité dans les démarches administratives : « Nous leur donnons des visas, mais ils ne nous fournissent pas assez de laissez-passer consulaires », a souligné Retailleau.
Cette situation crée une dynamique de tension dans laquelle les visas Schengen deviennent non seulement un outil administratif, mais aussi un élément de pression diplomatique. La France a d’ailleurs indiqué qu’elle évaluerait « tous les moyens » à sa disposition pour résoudre cette crise, suggérant ainsi que cette réduction des visas pourrait être un geste symbolique avant une révision plus large de la politique migratoire.
Restriction des visas, une riposte aux défis d’immigration
Cette révision du nombre de visas Schengen attribués à des Algériens s’inscrit dans le mouvement de durcissement des politiques migratoires européennes engagé depuis au moins le début de l’année 2025. Les visas de court séjour délivrés s’avèrent bien plus rares. C’est notamment le cas pour les primo-demandeurs. Beaucoup d’autres pays du Maghreb subissent également ce phénomène dont le Maroc et la Tunisie, mais la France semble avoir durci encore davantage son approche vis-à-vis de l’Algérie. La question du degré de coopération des pays d’origine, en matière d’expulsions, devient dès lors un élément déterminant pour l’obtention de visa.
Cela influe directement sur les relations humain tout autant que sur les circuits commerciaux entre la France et l’Algérie. Annuellement, des milliers d’Algériens viennent pour diverses causes, tourisme, affaires, études ou visites familiales. Le durcissement des critères de délivrance pourrait freiner ces échanges et rendre plus complexe la situation des citoyens algériens désireux de se rendre en France.
Le sujet de la délivrance des visas demeure donc une question sensible dans les relations bilatérales. Les prochaines semaines et mois seront, le cas échéant, déterminants pour établir si cette restriction dans l’octroi de visas apparaît comme un simple épiphénomène ou une véritable nouvelle politique migratoire à l’égard de l’Algérie.