Click Day 2025 : Entre besoin de main-d’œuvre et restrictions
Le Click Day 2025 promet des opportunités d’emplois, mais aussi une compétition féroce. En Italie, ce système, qui attribue des permis de travail aux étrangers hors Union européenne, fait couler beaucoup d’encre. Alors qu’il est censé répondre à un manque de main-d’œuvre criant dans plusieurs secteurs, il suscite aussi de nombreuses frustrations, tant du côté des employeurs que des travailleurs.
Le 5 février dernier, l’Italie a lancé son très attendu « Click Day », un dispositif novateur permettant aux employeurs italiens de recruter des travailleurs étrangers pour combler les pénuries de main-d’œuvre. Le principe est simple : chaque année, les employeurs des secteurs en tension, comme l’agriculture, la restauration ou la construction, peuvent tenter leur chance pour recruter. Mais cette opportunité est éphémère. Le Click Day se transforme rapidement en une course contre-la-montre numérique, où seuls les plus rapides décrochent des permis de travail. Et le plus souvent, les places disponibles sont bien inférieures aux demandes.
Le Click Day : Une porte d’entrée vers le marché du travail italien
Pour de nombreux travailleurs étrangers, le Click Day représente une chance unique d’intégrer le marché de l’emploi en Italie. Ce système a été mis en place pour répondre à une urgence, l’Italie manque de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs clés. L’objectif de cette opération est d’offrir une solution rapide et légale pour l’embauche de travailleurs étrangers, avec des quotas bien définis pour chaque type de poste.
Mais comment cela fonctionne-t-il réellement ? Ce programme permet aux employeurs italiens de soumettre des demandes pour recruter des travailleurs étrangers dans des domaines comme la construction, l’agriculture, la santé et bien d’autres, selon les besoins spécifiques de chaque secteur. Les travailleurs, quant à eux, doivent se préparer minutieusement, en connaissant les dates cruciales et en ayant tous les documents nécessaires pour maximiser leurs chances de succès.
Le processus du Click Day : Une course effrénée
Le fonctionnement du Click Day est relativement simple, mais il repose sur un facteur clé, la rapidité. Les employeurs qui soumettent leur demande dès l’ouverture de la fenêtre ont plus de chances d’obtenir des permis pour leurs futurs employés. Ce système est conçu pour être rapide et efficace, mais il impose une réactivité maximale.
Pour réussir, les employeurs doivent être parfaitement préparés, avec tous les documents nécessaires sous la main. Les travailleurs, eux, doivent s’assurer que leurs papiers sont prêts à temps pour éviter toute mauvaise surprise. Les documents cruciaux incluent :
- Un passeport valide ;
- Une offre d’emploi formelle, signée par l’employeur et le travailleur ;
- Des preuves de qualifications professionnelles ;
- Un certificat de résidence ;
- Un contrat de travail signé.
Click Day 2025 : Une loterie numérique
Le Click Day a beau être un mécanisme efficace, il génère aussi une frustration considérable. En quelques minutes, les entreprises reçoivent des centaines, voire des milliers de demandes pour un nombre de places limité. En 2025, près de 190 000 places seront mises en jeu, et ce, pour des secteurs essentiels de l’économie italienne. Pourtant, malgré le nombre de demandes, peu de candidats repartiront avec un permis.
Prenons l’exemple de l’agriculture : l’Italie souffre d’un manque criant de main-d’œuvre. Stefania Iazzoni, représentante d’une association agricole, ne cache pas son exaspération : « Il devrait y avoir le double de permis de travail dans l’agriculture », déclare-t-elle. Ce n’est pas un cas isolé : de nombreux secteurs en Italie manquent de travailleurs, mais les quotas restent désespérément bas par rapport aux besoins réels.
Une course contre-la-montre, mais pour qui ?
Le Click Day met en évidence un paradoxe, alors que les employeurs sont prêts à embaucher, le système impose des restrictions qui peuvent sembler injustes. En 2024, un exploitant agricole de la région de Rome a réussi à embaucher un travailleur indien grâce à ce mécanisme, mais pour chaque réussite, combien d’autres demandes sont restées sans réponse ? La règle du « premier arrivé, premier servi » favorise seulement un nombre limité de travailleurs étrangers, alors que les besoins sont bien plus vastes.
Dans le secteur des travailleurs à domicile, près de 40 000 demandes se battent pour seulement 9 500 places. La pression est immense pour les candidats, qui savent que chaque seconde compte. « Tout le monde est stressé », confie Teresa Benvenuto, secrétaire générale du principal syndicat des employeurs à domicile en Italie. Et cette situation génère une frustration croissante parmi de nombreuses familles qui dépendent de ces travailleurs.
Un système sous pression, mais nécessaire
Les critiques du Click Day sont nombreuses, mais une question persiste, pourquoi maintenir un tel système malgré ses imperfections ? La réponse réside dans la réalité économique de l’Italie. Face à une population vieillissante et un faible taux d’emploi féminin, le pays doit absolument combler ses postes vacants. Le Click Day est donc perçu comme une solution temporaire, visant à combler ce vide.
Le gouvernement italien, malgré les critiques concernant sa gestion de l’immigration, a accordé plus de 450 000 permis de séjour à des travailleurs extra-communautaires en 2023. Toutefois, ce chiffre reste insuffisant au regard des besoins réels. En 2025, de nouveaux défis se posent et plusieurs voix s’élèvent pour réclamer une révision du système. Les syndicats, par exemple, demandent que les demandes ne se limitent plus à une journée, mais soient étendues sur toute l’année, afin de mieux répondre aux besoins urgents de main-d’œuvre.
Un parcours du combattant pour les travailleurs étrangers
Même une fois qu’ils ont décroché un permis de travail lors du Click Day, les travailleurs doivent encore franchir plusieurs obstacles. Après l’attribution d’un permis, il leur faudra obtenir un visa pour entrer en Italie, un processus qui peut être long et complexe. Ce n’est qu’après l’obtention de ce visa que le permis de séjour, valable deux ans, leur sera délivré. Un parcours semé d’embûches pour ceux qui souhaitent simplement trouver un emploi et contribuer à l’économie italienne.
Les travailleurs étrangers sont indispensables dans de nombreux secteurs, mais leur arrivée en Italie et leur intégration sur le marché du travail ne sont pas simples. Ils doivent faire face à des défis administratifs, sociaux et culturels. Du côté des employeurs, les restrictions qui limitent l’accès à la main-d’œuvre nécessaire compliquent leur travail au quotidien. Une tension palpable existe donc entre les deux parties.