Installation des premiers bureaux de change en Algérie
Les premiers bureaux de change en Algérie sont officiellement installés au niveau des aéroports et des ports. C’est un nouveau tournant dans la régulation des opérations de change. Cette mesure vise à sécuriser et à encadrer les opérations de change, à lutter contre le marché noir, qui a souvent causé des difficultés à l’économie nationale.
À compter de février 2025, les voyageurs qui utilisent les grands ports et aéroports algériens, à commencer par celui d’Alger, vont avoir accès à une nouvelle offre, « des bureaux de change officiels », gérés et pilotés par la Banque d’Algérie. Situation totalement inédite depuis l’indépendance du pays (1962), il s’agit d’une avancée prépondérante dans la gestion du flux des devises étrangères en Algérie, utile notamment aux voyageurs étrangers pour qui le besoin de changer de l’argent s’impose de lui-même, et qui pourront opérer en toute sécurité dans un cadre officiel et réglementé avec les établissements financiers agréés par l’administration, comme alternative à l’informel, encore prédominant à ce jour.
En effet, l’Algérie a souffert de l’absence de guichets de change officiels dans ses infrastructures de transport, ce qui obligeait les voyageurs à recourir au marché noir pour effectuer leurs changes de devises, accentuant ainsi l’informalité et la fuite des fonds hors du pays. Face à ce constat, le gouvernement a décidé de réagir en installant des bureaux de change, non seulement pour les voyageurs, mais aussi pour sécuriser les transactions en devise. Cette réforme est accompagnée de la mise en place d’une allocation touristique désormais fixée à 750 € par an, qui sera distribuée aux citoyens algériens se rendant à l’étranger.
Les transactions des devises autorisées dans les bureaux de change
Les transactions autorisées dans les bureaux de change sont strictement réglementées. En effet, les résidents algériens peuvent acheter des devises étrangères uniquement dans le cadre des voyages à l’étranger, pour payer des soins médicaux ou pour financer des études ou un stage à l’étranger. Les non-résidents, quant à eux, pourront échanger leurs dinars à la fin de leur séjour, sous réserve de disposer d’un justificatif de change et que ces devises aient été déclarées à l’entrée en Algérie. L’objectif de cette réglementation est de permettre une traçabilité et un contrôle de toutes les opérations d’échanges de devises, afin de limiter l’impact du marché parallèle.
Cette régulation rigoureuse devrait contribuer à plus de transparence dans la gestion de la monnaie nationale et participer à l’accroissement de la confiance des investisseurs étrangers. En effet, l’absence de guichets officiels ouverts aux voyageurs a contribué à les diriger vers le marché informel, privant ainsi l’État des ressources monétaires cruciales.
Les premiers bureaux de change : une réforme structurante
Ces bureaux de change sont inaugurés dans le cadre d’une réforme globale de la gestion des devises en Algérie. En facilitant l’accès aux services de change, tout en assurant un contrôle renforcé, le gouvernement espère mieux réguler les flux de devises entrants et sortants du pays. Ces premières installations, opérationnelles dès février 2025 à Alger, devraient être suivies dans plusieurs autres grandes villes du pays, notamment à Oran, Constantine, Annaba et Tlemcen. Un réseau qui pourra répondre rapidement aux besoins des voyageurs et améliorer l’accès aux devises, mais aussi assurer un meilleur encadrement du marché des devises.
Les nouvelles dispositions devraient également inciter de nombreux Algériens et étrangers à recourir aux circuits réglementaires officiels de change, donc à réduire de façon croissante l’emprise des marchés parallèles. L’objectif vise à retrouver une certaine stabilité économique et financière dans le pays, tout en renforçant le rôle de la Banque d’Algérie dans sa fonction de principal acteur du système monétaire. De plus, l’augmentation de l’allocation touristique des Algériens s’inscrit aussi dans cette constante évolution.
Le marché noir des devises : Une anomalie à combattre
En effet, l’une des motivations de cette démarche est de limiter la taille du marché noir des devises, ayant acculé l’économie algérienne depuis la circulation de devises étrangères en dehors des circuits officiels et ayant eu pour effets immédiats d’appauvrir les ressources financières du pays tout en conditionnant l’accès des voyageurs à des pratiques risquées. D’ailleurs, il a été exigé depuis l’été de 2024 par les autorités que tout voyageur non-résident justifie, à son arrivée en Algérie, de la provenance des devises qu’il transporte, illustrant ainsi la volonté du gouvernement de mettre en place un contrôle plus strict sur le flux de devises dans le pays.
Ces bureaux de change apparus cependant ne signifient pas pour autant une libéralisation totale du marché des devises. Ces guichets, bien qu’ils participent à offrir une sécurisation de l’échange, sont toujours restreints à des opérations précises définies par la Banque d’Algérie. Il ne s’agit pas de permettre une libre conversion du dinar algérien, mais simplement des réponses à des besoins circonscrits à l’heure actuelle, concernant les voyages, les soins médicaux, les frais d’études ou de stages à l’étranger.