Economie

93 nouveaux sites d’or en Algérie pour l’exploitation artisanale

Le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a annoncé jeudi dernier que 93 nouveaux sites d’or en Algérie pour la prospection artisanale ont été identifiés dans les wilayas du sud. Ces travaux de prospection viennent renforcer l’énorme potentiel aurifère du pays et favoriser la mise en place d’une économie locale durable.

En effet, le pays est en passe, avec les 93 nouveaux sites d’or identifiés pour l’exploitation artisanale, de devenir un acteur de premier plan sur le marché mondial. Depuis plusieurs années, l’Algérie apprend à mettre en valeur ses énormes richesses aurifères, bien qu’elles n’aient toujours pas été exploitées à leur juste valeur. Effectivement, le pays possède avec ses réserves estimées à 173,56 tonnes l’une des plus grandes quantités d’or d’Afrique au sein d’un continent devenu au cœur des ambitions économiques. Cette richesse terrestre, pourtant abondante, semble à peine exploitée, mais un tournant semble se dessiner grâce à l’initiative de prospection artisanale des autorités algériennes.

Ces territoires riches en ressources aurifères, principalement, dans les wilayas de Tamanrasset, In Guezzam et Tindouf, sont courtisés par les micro-entreprises locales au sein d’un cadre légal et structuré. Au-delà d’un changement radical du paysage économique du pays, cela pourrait relancer une activité artisanale pour les communautés du sud et en même temps participer à la lutte contre le trafic illégal d’or qui plombent l’image et le développement de l’industrie aurifère nationale.

Le potentiel aurifère de l’Algérie : une richesse encore sous-exploitée

Le potentiel aurifère de l’Algérie : une richesse encore sous-exploitée
En Afrique, le pays qui apparaît en tête du classement des réserves de ce métal précieux est l’Algérie devant la Libye (146,65 t) puis l’Égypte (125,97 t). Arrive au quatrième rang l’Afrique du Sud (125,41 t), suivie du Maroc (22,12 t), du Nigeria (21,37 t) et de l’Île Maurice (12,42 t). Le Ghana (8,71 t), la Tunisie (6,84 t) et le Mozambique (3,94 t) ferment ainsi la marche selon le rapport du WGC.

L’Algérie, l’un des grands producteurs de l’or en Afrique, produit juste une quantité bien inférieure à son potentiel, selon le Conseil Mondial de l’Or (WGC). Dans le classement des pays ayant des réserves importantes, l’Algérie dispose d’environ 173,56 tonnes de réserves, la plaçant parmi les premiers pays africains et mondiaux en la matière. En revanche, la production d’or, qui a débuté en 2001, n’a pas dépassé les 7 tonnes extraites. Ce faible niveau de production est dû à l’absence d’investissements nécessaires à la mise en valeur minière et la modernisation des techniques de l’exploitation de l’or.

Dans ce contexte, le gouvernement algérien met en œuvre une nouvelle politique minière, s’attachant à valoriser l’exploitation artisanale de l’or, en délivrant des permis d’exploitation aux petites entreprises locales afin de satisfaire aux enjeux politiques et économiques, de mieux intégrer le secteur artisanal de l’or, en plus d’améliorer la réglementation en place. Cette gestion plus responsable des ressources aurifères est supposée combattre la perte d’une grande part des potentialités économiques du pays, au profit des pratiques illégales de l’exploitation du précieux métal.

La mise en œuvre de cette politique pourrait révéler de nombreux bénéfices, tant financiers qu’environnementaux, mais également liés à l’amélioration économique des régions aurifères. Un aspect crucial de la réévaluation du secteur aurifère en Algérie est davantage l’affirmation des choix de développement. Nous devons souligner que l’or est aussi une matière précieuse au regard de l’actualité des marchés des matières premières.

93 nouveaux sites d’or : une occasion pour l’économie locale

L’annonce des 93 nouveaux sites de prospection d’or en Algérie constitue un véritable tournant pour l’activité minière artisanale. C’est en effet au niveau de plusieurs wilayas du sud que s’établissent ces sites, considérés comme de grands potentiels aurifères, notamment à Tamanrasset, In Guezzam et Tindouf, mais aussi de façon générale dans le grand sud algérien, l’objectif assigné au gouvernement étant de faire en sorte que des micro-entreprises locales puissent exploiter ces sites tout en respectant dans leur exploitation tant les normes environnementales que les exigences réglementaires.

Le modèle proposé par le gouvernement est celui de la remise de permis d’exploitation aux petites entreprises soumises à une formation spécifique visant à garantir une maîtrise de l’exploitation artisanale. À ce jour, plus de 222 permis d’exploitation auraient été délivrés, depuis 2021, dont 21 uniquement dans la wilaya d’In Guezzam, avec la condition pour les entreprises de remettre l’or brut extrait à l’Entreprise nationale d’exploitation des mines d’or (ENOR), qui, à la suite de son traitement, sera revendu.

Cela permettrait aussi de développer l’économie locale, par la création d’emplois durables, mais aussi des entreprises, comme dans la région Djanet, où le démarrage de l’extraction d’or brut de 103 micro-entreprises a permis de créer plus de 400 emplois. Ce développement profite directement aux locaux, qui ont vu la naissance d’opportunités économiques dans des régions historiques marginalisées.

Une lutte renforcée contre l’exploitation illégale de l’or

L’exploitation artisanale de l’or en Algérie ne se résume certes pas à l’ouverture de nouveaux sites de prospection. C’est aussi et surtout une lutte contre le trafic illégal d’or qui constitue un véritable fléau pour l’économie nationale. Les activités de prospection illégale, en effet, représentent une part très importante de la production d’or du pays. Outre le fait qu’elles permettent le financement d’activités frauduleuses, l’exploitation illégale prive l’État algérien des ressources fiscales correspondantes.

C’est afin de lutter contre ce phénomène que les autorités algériennes ont considérablement renforcé les dispositifs de contrôle et multiplié les actions de répression, avec à la clé des saisies importantes d’or et d’argent, à l’instar de la confiscation de plus de 135 kg d’or opérée en mai 2023, représentant une valeur estimée à plus de 330 milliards de centimes, et ayant pour objectif de détruire le réseau criminel qui évolue dans l’illégalité, d’une part, et d’assainir le secteur aurifère, d’autre part.

 En parallèle, le gouvernement travaille à créer un cadre favorable à l’exploitation légale de l’or, en facilitant l’accès aux autorisations et en améliorant le cadre réglementaire. Autant d’initiatives qui devraient à terme contribuer à l’éradication progressive de l’exploitation illégale et permettre à l’Algérie de mieux tirer profit de ses richesses aurifères.

Les enjeux économiques et géopolitiques de l’or algérien

La problématique de l’exploitation de l’or dans le pays ne revêt pas un caractère purement économique local. Elle possède aussi de réels enjeux géopolitiques dans un contexte où les ressources naturelles sont bien souvent au cœur des enjeux stratégiques des relations internationales. La position de l’Algérie, dotée de réserves considérables en or, l’installe comme l’un des acteurs clés, tant au niveau du secteur minier africain que pour celui de la région MENA. Les grands groupes internationaux, et les investissements étrangers commencent à se tourner vers elle pour la mise en œuvre de projets en faveur du marché de l’or en Algérie.

L’un des derniers exemples en date est l’intérêt de l’Australien Lionsbrige pour investir dans les mines d’or d’Amesmessa et de Tirek, localisées dans la wilaya d’In Guezzam. Ces investissements étrangers permettront en effet d’améliorer la technique d’exploitation de l’or au fur et à mesure, tout en apportant les financements nécessaires pour une exploitation à grande échelle plus durable, plus structurée et opérationnelle.

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