Réforme du visa Schengen : La France entre sécurité et attractivité
La France lance une réforme du visa Schengen pour concilier sécurité, attractivité économique et simplification administrative. Avec des mesures comme la numérisation des procédures et des « visas talents » élargis, cette réforme vise à répondre aux défis migratoires tout en renforçant l’attractivité de l’Europe.
C’est lors d’une conférence avec les ambassadeurs qui a eu lieu ce lundi 4 janvier, que le président, Emmanuel Macron, a annoncé une réforme pour le visa Schengen pour la France. Cette annonce survient après le constat d’échec exposé par le rapport de Paul Hermelin, remis en avril 2023 et qui dresse un bilan sur l’inefficacité de la politique de durcissement des visas. En effet, cette politique a causé une réduction considérable du nombre de visas délivrés, alors que l’objectif initial de ce durcissement était de mieux contrôler les flux migratoires, de renforcer la sécurité, de lutter contre l’immigration irrégulière et de prévenir les fraudes.
Emmanuel Macron a admis lors de cette conférence que la réduction du nombre de visas délivrés avait surtout pénalisé les « bonnes personnes », sans pour autant entraver les réseaux migratoires illégaux ou les individus indésirables. « Cela a détérioré notre réputation et notre image, sans améliorer significativement notre efficacité », a-t-il déclaré. Il ajoute que « Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille basculer dans le laxisme. Nous devons maintenir une politique rigoureuse, mais plus intelligente et simplifiée. » Reste à savoir si les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur parviendront à coordonner leurs efforts, car la politique des visas relève de leurs compétences partagées.
Les principaux axes de la réforme du visa Schengen

L’une des priorités de cette réforme est la simplification des procédures pour les voyageurs. Dès 2026, le e-visa Schengen permettra de dématérialiser les demandes, supprimant les rendez-vous en consulat et les vignettes de visa, souvent falsifiables. Cette plateforme traitera jusqu’à 25 millions de demandes par an, offrant un gain de temps pour les demandeurs et les États membres.
Emmanuel Macron compte renforcer la sécurité sans freiner les échanges. La réforme mise sur une meilleure coopération entre les pays européens pour renforcer les contrôles de sécurité. Les bases de données comme le système d’information Schengen (SIS) seront davantage exploitées pour identifier les risques. Cependant, l’objectif est de ne pas entraver les échanges économiques et académiques, notamment pour les étudiants et les professionnels qualifiés.
De plus, la France prévoit d’introduire une distinction entre les pays « coopératifs » et les autres pour plus d’équité. Les ressortissants des pays coopérants bénéficieront de procédures simplifiées, tandis que les pays non coopérants pourraient subir des restrictions plus strictes. Cette mesure vise à encourager une meilleure collaboration avec les pays tiers tout en maîtrisant les flux migratoires.
Un autre axe important de la réforme est de répondre aux besoins de son économie. Pour ce faire, la France prévoit d’élargir les « visas talents » destinés aux secteurs en tension, comme la santé, le numérique et l’ingénierie. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large pour renforcer l’attractivité du pays et attirer les compétences internationales.
La France face au défi de coordination européenne
Le chef de l’État, Emmanuel Macron, reprend les recommandations du rapport Hermelin, à savoir maintenir une politique rigoureuse, mais ciblée. Bien que la France présente cette réforme comme nécessaire, sa réussite dépendra de la coordination entre les États membres de l’espace Schengen. La coordination européenne est essentielle pour éviter que des politiques divergentes entre les pays Schengen ne compromettent l’efficacité des mesures. Sans une approche commune, les flux migratoires risquent de se rediriger vers les pays aux politiques plus souples, compromettant l’efficacité des mesures, rendant indispensable un travail de coordination approfondi entre les États membres.
Selon les autorités françaises, la réforme sera déployée de manière progressive à compter de 2025. Le gouvernement anticipe des ajustements en fonction des retours d’expérience des partenaires européens et des demandeurs de visas.